Ready'digit, subversions numériques et submersions digitales
Musée de la Viscose // 21 juin au 30 octobre 2022
Benjamin Bardou - Megalopolis EXP#15
Léa Zhang - Cellophane
Julien Gachadoat - Crédit photos Benoit Cary -Mineral-4
Commissaires de l’exposition : Léa Zhang, Benjamin Bardou, Julien Gachadoat
Scénographe : Martial Barrault
L’art numérique sera roi au musée de la Viscose.
Le scénographe, Martial Barrault, nous plonge dans 3 univers numériques portés par des visions très différentes et nous donne un accès immédiat à la réalité virtuelle de 3 commissaires d’exposition :
Léa Zhang, jeune illustratrice récemment diplômée de l’école des Gobelins, se distingue par son univers artistique tout en couleurs et sensualité.
C’est lors de ses études en design graphique que la jeune commissaire d’exposition s’est naturellement rapprochée de l’animation et de l’illustration. Le cinéma a été l’une de ses premières passions et lui a appris la narration par l’image.
Ayant un attrait pour les formes et les couleurs en général, elle aime illustrer des atmosphères comme les couchers de soleil, quand les ombres s’allongent ou encore des situations nostalgiques et des sentiments de solitude et de vulnérabilité.
Dessiner sur logiciel lui donne envie d’explorer et la force des couleurs digitales l’inspirent sans cesse.
Même si elle réalise ses images numériquement, elle s’oblige à imiter les techniques traditionnelles de dessin avec des pinceaux divers et des textures, des formes organiques et non vectorielles.
Elle enrichit son concept de couleurs numériques par sa spontanéité et elle réalise des formes et volumes avec énergie.
Graphiste d’effets spéciaux, Benjamin Bardou a développé un style unique dans la création audiovisuelle, à travers ses courts-métrages impressionnistes.
Amoureux de Baudelaire, il a une approche poétique de l’image : il accompagne l’œil du spectateur, lui propose des trajets, une déambulation, puis la lui fait quitter pour mieux l’inviter à entrer dans sa mémoire.
Son principal terrain de jeu se trouve dans les villes qu’il destructure et recréé avec sa propre vision et ses capacités numériques.
Tandis que son travail s’apprécie uniquement dans un monde virtuel, des séquences vidéos et supports fixes apporteront une réalité tangible au visiteur.
Se considérant comme un artiste mathématicien, Julien Gachadoat a grandi avec la culture demomaking à la fin des années 90, scène avant-gardiste de la création visuelle générée par du code informatique.
Puis il a développé l’art génératif, en parallèle de son métier de professeur, qui consiste à fabriquer ses outils informatiques.
Julien explore cette capacité de création entre les perfections de la machine et les compositions de l’algorithme.
Il est rigoureux dans sa méthode. Son but est de (re)trouver l’unicité de l’œuvre numérique.
« Laisser une trace unique, physique et palpable de l’art, non pas en dépit du numérique mais grâce à lui » : telle est la philosophie du commissaire d’exposition bordelais qui crée des œuvres à formes géométriques uniques par algorithmes et revendique son identité par des séances qu’il va créer.
Ainsi, à l’aide d’un traceur et de la sérigraphie, il réunit la rigueur du code informatique et la poésie de l’art.
Le scénographe de l’exposition, Martial Barrault, est issu du spectacle vivant : il est à la fois directeur de la photographie dans le secteur cinématographique et scénographe lumière pour le spectacle vivant.
L’image est une passion d’enfance dont il a fait son métier.
Il met en scène des univers les plus variés en ayant une maitrise pointue des outils les plus modernes.
Pour Martial Barrault, « La scénographie, c’est traduire l’intimité de la rencontre avec le commissaire d’exposition ».
La scénographie participe à la rencontre intime entre l’œuvre, l’artiste et le visiteur.
Tandis que le visiteur déambulera dans l’exposition, il s’interrogera sur ses propres pratiques numériques et ses certitudes.
Explication sur le choix du nom de l’exposition par le scénographe Martial Barrault :
Ready comme le Ready-made de Marcel Duchamps
Read comme la lecture, l’appropriation, l’émotion qui s’en dégage et les échanges avec les artistes.
Rea comme réalité
Rea comme poulie, le passage d’un fil conducteur vers une métamorphose de l’énergie créatrice.
Ces mots résument mes premières impressions, ils sont les maîtres-mots du désir que j’aimerais insuffler au parcours de cette exposition
Musée de la Viscose
Le week-end de 14h à 18h. - Entrée libre
Découverte des coulisses de la Biennale et rencontre avec l’équipe artistique
Léa Zhang, commissaire d’exposition au musée de la Viscose
Comment avez-vous procédé à la sélection des œuvres pour la future exposition ?
Pour que la sélection d’œuvres reflète au mieux ma personnalité artistique, j’ai choisi des illustrations et animations qui me sont personnelles. La plupart d’entre elles ont été créées pendant mon temps libre. Le but était de m’exprimer à travers le médium plutôt que de répondre à une demande commerciale.
Comment s’est passée la rencontre avec le scénographe Martial Barrault, et comment travaillez-vous ensemble ?
Etant ma première exposition, travailler avec un scénographe a été un vrai plaisir. Notre collaboration individuelle a commencé en choisissant les œuvres les plus pertinentes à présenter, en prenant en compte le matériel à disposition. Une discussion approfondie a permis de les regrouper aux niveaux thématique et technique, pour déterminer la structure de l’exposition.
Le support habituel de mes œuvres étant un écran d’ordinateur, nous avons étudié ensemble comment transposer des œuvres digitales vers un espace physique qui met beaucoup plus en valeur l’objet graphique.
Martial a su mettre en pratique la préparation d’un espace d’exposition, tout en gardant la valeur artistique et émotionnelle de chaque œuvre grâce à leur regroupement par contexte.
Julien Gachadoat, commissaire d’exposition au musée de la Viscose
Comment s’est passée la rencontre avec le scénographe Martial Barrault, et comment travaillez-vous ensemble ?
Les œuvres ont été sélectionnées en coordination avec la création scénographique de Martial.
Il s’est imprégné de mon univers à travers plusieurs dialogues pour pouvoir imaginer une scénographie qui montre les différents aspects de mon travail : dessins produits à partir d’algorithmes et tracés avec une machine, puis des animations en boucles. Un aspect plus pédagogique sera également présent avec l’installation d’un traceur en action pour produire des dessins.
Quelle serait l’image qui vous représenterait ?
Je dirais le visuel Sedimentation, qui date de 2020.
Benjamin Bardou, commissaire d’exposition au musée de la Viscose
Comment avez-vous procédé à la sélection des œuvres pour la future exposition ?
La sélection des œuvres a été délicate car le corpus de Megalopolis est assez conséquent. Elle s’est faite d’après leurs différentes natures, afin de trouver des complémentarités ou des contradictions entre elles.
Comment s’est passée la rencontre avec le scénographe Martial Barrault, et comment travaillez-vous ensemble ?
La rencontre avec Martial a été déterminante et très stimulante. Après lui avoir exposé la globalité du projet Megalopolis, il a mentionné plusieurs axes de présentation que nous avons affinés au fur et à mesure de nos échanges pour aboutir au parcours final d’exposition.
Quelle serait l’image qui vous représenterait ?
Je dirais le visuel Shapes of Memory
Martial Barrault, scénographe au musée de la Viscose
Quel est votre parcours, et qu’est-ce qui vous a amené à la scénographie d’exposition ?
Ma passion initiale est la lumière. J’ai d’abord été attiré par l’image et j’en ai fait mon métier.
J’ai éclairé des spectacles ou des films partout où ma route me conduisait. J’ai fait de la fiction, du documentaire, du cirque, de l’opéra ou de la lumière architecturale. En fait, pour moi, la lumière a toujours été l’outil initial de la dramaturgie des grands films.
Comment s’est passée la rencontre avec les commissaires d’exposition ?
J’avais d’abord pris connaissance des corpus que chacun proposait. Je leur ai, dans un premier temps, décrit ce que leur travail m’inspirait, la lecture que j’en avais faite et le projet que cette rencontre avec leurs œuvres m’avait provoqué ou inspiré.
On a échangé sur cette perception, et ils m’ont, chacun à leur façon, ouvert la porte de leurs ateliers imaginaires. Ce premier contact a été l’occasion de dialogues véritablement féconds avec des personnalités fortes et très différentes. J’ai commencé à percevoir les nuances, les attentes et les recherches de chacun d’entre eux. J’ai poursuivi cette quête à travers internet.
Autant mon « attraction » vis-à-vis de chacun des commissaires a été immédiate, autant il m’a semblé essentiel d’espacer nos échanges jusqu’à leur présenter l’espace que je leur ai proposé.
Mon intention était de ne pas risquer de «volatiliser» les éléments qui répondaient à ma curiosité et de les transmettre ainsi, intacts, aux visiteurs. Je ne voulais pas prendre le risque d’épuiser un échange aussi fondamental, aussi riche, et d’en conserver toute l’énergie pour les phases suivantes : les interviews et l’accrochage.
Martial Barrault
Pourriez-vous décrire en quelques phrases l’univers dans lequel plongera le visiteur ?
Un parcours de connexions dont les visiteurs seront les particules énergétiques. Un réseau de souterrains, dont chaque lueur, chaque issue, sera une des images exposées. J’ai souhaité solliciter un dialogue émotionnel entre le visiteur et chacune des œuvres incrustées dans les murs, solliciter son émerveillement, sa surprise ou sa résistance face à une œuvre qui l’accueille, l’interpelle, l’écoute – sans le mettre à distance. Je n’ai rien fait d’autre que d’imaginer un parcours éclairé des œuvres elles-mêmes, afin de faire de chaque visiteur, chacun à son tour, l’acteur unique de cette rencontre.
A la télévision, on reçoit les films sous le regard des autres, on peut être quinze à le partager comme une assiette de charcuterie. Au cinéma, dans le noir de la salle, on est seule face avec l’œuvre et on peut se laisser gagner par ses émotions. J’ai voulu m’inspirer de ce principe.
Quelle serait l’image qui vous représenterait ?
Je choisirai cette photo. Il s’agit de ma première véritable scénographie-lumière. Au sol, comme tapis de danse, un écran de trucage optique qui permet de projeter des textures sombres, tout autour des balises bleues comme dans les aéroports, la nuit, qui s’éclaireront faiblement, uniquement à la fin, comme un atterrissage. Il s’agit de Lahire et Judith, une chorégraphie de Jacques Patarozzi conçue comme immersion dans l’univers de Caravage. Lahire et Judith a été créé en 1994.